De Sainte-Foy à Mézières
J'arrive place Jean-Jaurès, que l'on appela jadis la place des Victoires
Autour de la place, une entrée de la ville, le port de Coreilhe, le pont, les deux hôtels du Cheval Blanc et de la Boule d'Or, les commerces et plus loin, le cimetière. Gens et marchandises entraient en masse dans la ville par la place Jean-Jaurès.
Vers 1860, le banquier Planteau fait abattre la tour de droite qui flanquait l'entrée de la Grand'Rue et, à son emplacement, fait construire l'immeuble qui abrite sa banque et aujourd'hui la Société Générale.
Boursaus, libraire et photographe, vient photographier l'immeuble neuf.
La tour de gauche existe encore. Les couverts font le tour de la place de la mairie, et c'est encore le vieux clocher qui avait été refait en 1610.
En 1861, la tour de gauche vient d'être démolie et les couverts ont été supprimés au dessus de la Grand'Rue. Nouvelle photo de Boursaus :
Je passe devant Super U. Ce fut l'Hôtel du Cheval Blanc, tenu par la famille Lalanne. C'est la famille de Marc, qui fut joueur et secrétaire du Stade Foyen, de Jean, qui le présida, et de Georges Rousier qui s'occupa si longtemps de l'Ecole de Rugby.
Voici la photo du mariage d'Armand Lalanne, en 1912. Marc Lalanne au premier rang. Il a 4 ans, c'est le petit garçon avec le chapeau rond, en dessous du "C" de Cheval :
Voici le pont Michel de Montaigne
Inauguré en 1991, il a remplacé le vieux pont suspendu
Ce pont fut lancé en 1830. Ce fut l'un des tout premiers ponts en fil de fer de France, comme on les appelait alors. La même année, on construisit le grand temple de Sainte-Foy, dont la voute s'appuie sur d'élégantes colonnes en fer. Deux réalisations à la pointe du modernisme de l'époque.
En 1894, on remplaça les piles, les cables et la chaussée du pont suspendu. Les travaux commencèrent l'hiver :
Mon grand oncle François Roturier y participa. Il était maréchal-ferrand. C'est le père de Jean Roturier qui présida le Stade foyen à la fin des années 1950.
Au premier plan, les piliers d'origine, que l'on n'a pas encore enlevés. Au second plan, les nouveaux piliers, plus hauts et plus espacés que les anciens. Les ouvriers sont en train de poser des cables neufs.
A Port-Sainte-Foy, je descend sur les quais. Voici les plaques donnant la hauteur de l'eau lors des crues de 1912 et 1914 :
Voici une photo de l'inondation de 1912. C'est le fond du jardin public actuel, recouvert par les eaux. La maisonnette avec sa haute cheminée abritait un moteur thermique qui actionnait une pompe ; l'eau de la rivière était ainsi amenée à la gare pour alimenter les locomotives à vapeur.
L'eau recouvrait la plaine. Sur la route du Pont de la Beauze, avant l'actuel rond-point, on voit deux fermes, sur la gauche. La première abritait un vieux couple, la seconde, un jeune couple : ils étaient mariés depuis huit jours. Avec l'inondation, tout le monde s'est retroué sur le toit de sa maison et y a passé la nuit. Le lendemain matin, le jeune marié gueulait à ses voisins :
- On a faim, on a faim !
Le voisin répondit :
- Bouffe lui la...
Le vent a emporté le dernier mot.
Photo de l'inondation de 1944. Le 8 juin 44, les résistants avaient fait sauter le pont :
Je suis l'ancien chemin de halage
C'est l'ancien chemin de halage, envahi par les accacias, les sureaux et les herbes folles. Jadis, les attelaches de boeufs y tiraient les gabarres qui remontaient la Dordogne
Sur les éléments du nouveau pont, des tags :
Les plus anciens tags que je connaisse se trouvent dans la tour de l'Office de Tourisme. Ils datent du début du 17ème siècle. Les plus nombreux, et parmi les plus intéressants, garnissent deux grands murs des communs, au chateau du Fauga. C'est sur la route de Port-Sainte-Foy au Fleix. Ils ont été faits dans les années 1880 par de jeunes délinquants protestants logés dans la Colonie agricole et Pénitentiaire de Guyenne, au Port, actuelle dépendance des Asiles de La Force.
Près de Mézières, cette maison...
...le type même du chalet suisse, avec l'entresol, la terrasse et la balustrade en béton dont les piliers et la rambarde imitent des troncs et des branches.
La mode du chalet suisse fut amenée en pays foyen par Clara Matossi, une riche Suissesse originaire de Posciavo. En 1872, elle fit édifier cette belle villa, actuellement 2 rue Roland Millon, à Pineuilh :
Elle appela son chalet "Bernina" : c'est le nom d'un mont, dans la chaîne des Grisons.
J'arrive à Mézières :
Les Juniors de divers clubs arrivent, le tournoi à 7 va commencer.