Arnaud Elissalde, dit Nono

Dans Sud-Ouest du 15 avril 1997, Jean-Pierre Dorian publie un article sur "Elissalde, troisième du nom". Arnaud, le grand père, Jean-Pierre, le fils et Jean-Baptiste, le petit-fils.

Elissalde, un nom associé au rugby, à La Rochelle et à Bayonne. Dans les années 50-60, Arnaud fut un demi de mêlée polyvalent.

     Je ne vous raconterai pas la carrière éblouissante d'Arnaud, dit Nono. Vous la connaissez, ou vous la trouverez sur le net. Je retiens une de ses formules favorites : "C'est l'autre qui te permet de jouer au rugby, il faut jouer pour l'autre".

Je préfère vous raconter cette anecdote ignorée dont le héros fut Nono. Je la lis dans l'ouvrage de Francis Ambrière, "Les grandes vacances, 1939-1945", p. 112. Comme 1 400 000 soldats français, Ambrière fut fait prisonnier et envoyé en Allemagne. Il y croisa le tout jeune Arnaud Ellisalde, lui aussi prisonnier :

"Un Basque nommé Elissalde, joueur de rugby connu de l'Aviron Bayonnais, imitait à s'y tromper, avec sa bouche, le bruit d'un pneu crevé qui se dégonfle. Quand Godasse (le responsable de la colonne de prisonniers, un hitlérien fanatique) décrétait une fouille générale et que nous stationnons interminablement le long du Rhin avec nos bagages éventrés, à chaque Allemand qui passait en vélo Elissalde pinçait les lèvres et soufflait, et régulièrement le cycliste sautait de sa machine avec un juron, vérifiait son pneu, puis repartait furieux sous nos rires qui l'avertissaient enfin de la plaisanterie".

La bonne blague, direz-vous. Dans le contexte de l'époque, en 1941, et venant d'un prisonnier en Allemagne, c'est tellement plus grand qu'une bonne blague !.